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Le froid mon amour

Les sables chauds du moyen orient et la chaleur enveloppante du soleil ont bercé mon enfance. Mon corps n’avait connu que le frais de l’air conditionné lorsqu’à mes dix ans, ma première rencontre avec le froid m'a marquée comme une attaque de mille dards aiguisés me transperçant jusqu’à la moelle. Un mois de novembre à Paris, mon cou se raidit, mes épaules remontèrent d’elles-mêmes et tout mon corps se figea dans une expression de repli, prêt au combat. Chaque automne, chaque hiver, même rengaine : je ne comprenais pas comment on pouvait vivre, ou survivre, dans un tel environnement… Une partie de mes gènes résistait alors que l’autre cherchait timidement à reconnaître ce familier compagnon.


Il m’a fallu plusieurs années pour comprendre qu’il n’y avait pas d’ennemi, mais que le froid était un merveilleux amant qui avait tant à offrir quand on l’accueillait à bras ouverts.

Est-ce moi qui l’ai apprivoisé ou lui qui m’a apprivoisée ? Lentement, à mon rythme, je me suis laissée pénétrer par sa mordante passion jusqu’à me laisser envelopper complètement.J’ai commencé par le bas. Les pieds, les jambes… J’ai commencé doucement : un plongeon rapide, quelques secondes, puis plusieurs minutes… La nage en mer Baltique; le rituel de la douche froide; la porte fenêtre de la chambre ouverte l'hiver… Les expéditions en ski ou en kayak dans le grand Nord… Jusqu’au plongeon total lors d’un stage Toumo. La patience et le temps en ont fait un compagnon incontournable. Un ami qui me veut du bien.

Il sait me réveiller quand je suis trop endormie, me met en mouvement quand la flemme me prend. Il me donne la pêche quand le moral est bas, et booste mes hormones pour rester en forme. Il m’a appris à comprendre mon fonctionnement et à dépasser mes limites. Parfois doux, parfois sec, il vient me titiller par le souffle, la pluie, l’eau ou la neige…


A chaque rencontre, il me surprend toujours. Un réflexe archaïque… Mais je sais, je sais au plus profond de moi, que si je baisse mes défenses, que si je le laisse m’envelopper de sa robe de cristal cinglante et transparente ; que si je l’accueille en lâchant mes peurs et calmant mes pensées criardes ; que si je m’abandonne en confiance à qui il est simplement, juste le froid… alors une fusion se crée. Je ne sais plus si j’ai froid ou chaud. Je ne sais plus si je suis lui ou s’il est moi. J’en oublie mon corps pour me concentrer sur ma respiration. Le fil de ma vie. Mon rythme ralenti et je plonge dans l’immobilité de l’instant présent pour n’en ressortir qu’instinctivement. Et alors que je retrouve une température de confort, mon corps rougeoyant devient une centrale nucléaire, frissonne de plus belle, et active des capacités si souvent ignorées dans un monde où le confort tue…


J’ai appris à doser nos rencontres, car comme dans toute relation, l’écoute de soi est mon garde-fou. Ni trop, ni trop peu. D’apprivoiser le froid me permet d’apprécier d’autant plus la chaleur réconfortante du soleil ou d’un feu de cheminée : L’alternance des deux, l’harmonie de l’équilibre, le Yin et le Yang.

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© 2035 by Vanessa Sarraf

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